Historique

Comment est née la Voix des Adoptés

Comme beaucoup d’adoptés, un jour, la question des origines s’est imposée à moi comme une évidence et une condition sine qua non à mon équilibre.

Entourée d’amis et soutenue par ma famille, je me suis donc lancée dans cette recherche qui n’avait qu’un seul objectif : retrouver ma mère biologique.

Ma recherche a très vite aboutie, en février 2004, à la découverte d’une vérité inattendue qui m’a profondément bouleversée : on ne m’avait pas abandonnée, mais on m’avait volée à la naissance. Je raconte mon témoignage dans mon livre « J’ai été volée à mes parents » (éditions Flammarion, 2007).

Cette expérience passée, j’éprouvais le besoin de rencontrer d’autres adoptés. Fascinée par le chamboulement qu’avait été ma quête, qu’en était-il pour les autres ?

Je cherche donc sur internet des contacts et c’est comme cela que je vais rencontrer virtuellement puis physiquement par la suite, deux autres jeunes adoptées du Pérou.

Notre rencontre et nos premiers échanges seront une révélation pour moi : le sentiment d’être comprise, sans être jugée, le bonheur d’être avec des personnes comme moi. Pas besoin de se parler pour se comprendre. Cette différence qui avait été si douloureuse à vivre plus jeune  devient d’un coup plus légère à porter. Je n’étais plus seule en tant qu’adoptée.

Très vite nous parlons de fonder une association pour les adoptés. Nous nous rapprochons des responsables de l’association « Racines coréennes », seule association d’adoptés à l’époque, afin d’avoir quelques conseils. Là encore, les échanges avec eux nous ont conforté dans le fait que notre idée d’association pour les adoptés, sans distinction d’origine ni d’âge, était un vrai besoin. Adoptés du Pérou ou de Corée, qu’importe, nous avions tellement de choses à partager.

C’est un matin, en me rendant au travail, que s’inscrit devant moi, telle une affiche de cinéma, un nom : la Voix des Adoptés. J’appelle de suite mes amies. Elles adorent  ma proposition ! L’aventure commence. Nous sommes en Avril 2005.

Dès la rédaction des premiers statuts, nous partons sur l’idée de suivre 4 lignes directrices  qui seront : l’échange, la coopération avec les acteurs, la question des origines, et enfin la nécessité d’adoption éthiques.

Au mois d’octobre 2005, nous organisons notre première rencontre d’adoptés dans un restaurant parisien. Nous n’avons pas encore de site, de blog…Juste un mail. Des adoptés de Lyon, de Suisse, et d’autres provinces se joignent à nous. Nous sommes 17 et le repas se passe dans une ambiance de partage et de convivialité. Nous ne nous connaissons pas mais les affinités sont évidentes. La parole est libérée, les échanges sont riches, sans barrière. De vrais liens d’amitié se créés.

Notre arrivée dans le monde de l’adoption n’a pas été si bien accueillie. Contents de nous retrouver régulièrement, notre blog prend une tournure d’album photo de fête entre jeunes. Et nous ne sommes pas pris au sérieux. En réalité, même si nous mettions en avant nos activités festives, c’est bien les bases de l’association que nous étions en train de construire en coulisse.

6 Mois après la naissance de l’association nous organisons les premiers groupes de parole. Un an après nous inaugurons une première antenne à Lyon. Les bénévoles réfléchissent à des thèmes intéressants, des sujets de débats variés : un univers s’ouvre à nous et nous avons bien l’intention d’y faire notre place.

Au fur et à mesure des années, un lien de confiance s’établit avec les acteurs de l’adoption. Les antennes naissent les unes après les autres, les activités se diversifient, les demandes d’intervention affluent, les demandes d’articles deviennent régulières : la VDA est devenue une association reconnue et surtout légitime.

J’ai dirigé cette association de 2005 à 2010. Puis, à la naissance de mon troisième enfant j’ai laissé ma place à Cécile Février. Cécile fera un travail remarquable pendant 5 ans, amenant la VDA au-devant des institutionnels. Puis en 2015, Cécile quitte l’association. J’ai donc repris la main, de manière temporaire avais-je dis…

Depuis 2015, la VDA s’est engagée dans une vraie politique de bénévolat afin de garantir sa pérennité. Cette politique se traduit par des moments de formation, d’intégration, de fidélisation de ses bénévoles.

En 2018, la VDA est présente dans 9 grandes villes françaises. Nos partenaires sont des associations, les maisons de l’adoption, les conseils départementaux, notre autorité centrale, la Mission de l’Adoption Internationale (MAI). La VDA siège également depuis septembre 2016 au Conseil National de la Protection de l’Enfance (CNPE). En avril 2018, la VDA intègre le Conseil Français des associations pour le droit de l’enfant (COFRADE) et siège au conseil d’administration.

Aujourd’hui la VDA c’est une association nationale composée de plus de cinquante bénévoles impliqués dans un projet ambitieux mais tellement nécessaire : améliorer la prise en charge des personnes adoptées en France.

C’est à eux qu’on doit dire merci.

Céline Giraud

Co-fondatrice de la Voix des Adoptés.